Les chiffres du cancer en France
En 2015, le cancer est devenu la deuxième cause de décès dans le monde et pour la Commission européenne, qui anticipe une hausse de 24% du nombre de cas incidents, il pourrait devenir la première en Europe d’ici 2035. En France, où les cancers sont d’ores et déjà la première cause de mortalité, l’épidémie continue à prendre de l’ampleur – l’INCa estimant à plus de 433 000 le nombre de nouveaux cas en 2023, soit 34 700 (8,7 %) de plus qu’en 2019.
Si les alertes sur les causes environnementales se multiplient, le rôle du travail demeure toujours aussi peu pris en compte. Une commission spécialisée de la Sécurité sociale a récemment estimé que, chaque année, entre 50 700 et 80 400 cas incidents de cancers d’origine professionnelle ne sont pas reconnus comme tels. Or, en 2020 comme en 2021, seuls environ 1 600 cancers ont été reconnus en maladie professionnelle. Autrement dit, environ 97% à 98% des cancers professionnels resteraient non reconnus et donc socialement invisibles pour les acteurs/trices de la santé publique comme pour les personnes qui en sont atteintes.
Quelques données issues de l’enquête du GISCOPE 84 (au 31 décembre 2023)
- 570 patient.es qui ont consenti à participer à l’enquête
- 423 entretiens réalisés
- 405 parcours professionnels expertisés
- 381 patient·es exposé·es à un ou plusieurs cancérigènes dans leur parcours de travail
- 217 patient·es orienté·es vers une démarche de demande de reconnaissance en maladie professionnelle
- 102 patient·es d’accord pour engager une demande de reconnaissance en maladie professionnelle
- 33 patient·es ayant obtenu une reconnaissance en maladie professionnelle
Des parcours variés, marqués par la précarité des expériences professionnelles
- multiplication des expériences professionnelles (contrats courts,
intérim, etc.) pour les travailleurs précaires, expliquant, en partie, leur exposition à plusieurs cancérogènes, - sur-représentions des emplois intérimaires dans les secteurs du BTP et nettoyage en particulier.
Les secteurs les plus représentés
- agriculture
- BTP (peintres, maçons, etc.)
- industrie manufacturière
- commerce et réparation d’automobiles
- secteur du nettoyage
- enseignement.
Les expositions les plus fréquentes
- pesticides
- amiante
- hydrocarbures aromatiques polycycliques
- silice
- plomb.
Des patient·es fortement polyexposé·es
- 93 % des patient·es ont subi une polyexposition à plus de 2 cancérogènes, et 50 % à 6 cancérogènes différents.